Les propos de Mme la sous-préfète de Grasse publiés dans l’édition Nice-Matin du 6/01/2021- voir ci dessous– ne nous rassurent pas quand elle évoque la nouvelle trajectoire d’approche des jets d’affaire à destination de Cannes-Mandelieu. Elle dit notamment :

 » Ce n’est pas pour maintenant …/… nous allons étudier l’impact …/… les élus et les associations seront associés …/… les jets ne sont pas si bruyants …/… ça n’arrivera que dans dix ans  » etc.

Un jeu de dupes

Dans la réalité, l’aéroport de Nice (qui gère aussi la plateforme de Mandelieu) a tout intérêt à ouvrir une nouvelle trajectoire. En effet, Aéroports de la Côte d’Azur (ACA), société privée, espère développer le trafic de l’aviation d’affaire tout en libérant l’espace aérien au-dessus de la baie de Cannes afin de faciliter les approches des gros porteurs à destination de Nice. Avantage supplémentaire pour l’ACA : avec cette nouvelle trajectoire, elle sera libérée des contraintes négociées depuis longtemps avec les associations riveraines qui entendent limiter le trafic et surveiller les mouvements d’avions sur la trajectoire actuelle.

Les associations de riverains de l’aéroport devraient bien savoir pourtant que cette nouvelle procédure ne débarrassera en aucun cas les habitants de la basse vallée de la Siagne des avions. Bien au contraire, ils continueront à venir se poser comme avant. En doublant les possibilités d’approche, l’ACA peut développer son activité aviation d’affaires comme elle l’entend. À l’affut de tout levier de croissance, elle ouvre ainsi une porte vers une forte augmentation du trafic. Tôt ou tard, les riverains de l’aéroport auront autant d’avions au-dessus de leurs têtes, voire davantage. Et il y en aura aussi sur la nouvelle trajectoire, à Grasse, à Peymeinade, Le Tignet, Spéracèdes, Tanneron et quelques communes du Var qui commencent à s’émouvoir également.

C’est la suite logique du projet d’extension du terminal 2 et d’une ouverture éventuelle d’une troisième route aérienne à Nice. Développement économique, emploi, les arguments sont toujours les mêmes dès qu’ils sont portés par une entreprise privée et ses actionnaires. C’est peut-être même l’ACA qui a relancé, auprès du ministère compétent, l’ouverture de cette nouvelle voie aérienne réclamée, depuis longtemps en vain, par les riverains de l’aéroport de Cannes-Mandelieu. Cette fois-ci, Madame la sous-préfète de Grasse est à la manœuvre avec peut-être des directives en ce sens. Nos élus sont-ils en mesure de faire face ?

 

Consentement tacite

Il faut se souvenir pourtant que les riverains de Cannes-Mandelieu ont accepté en connaissance de cause la proximité de l’aéroport qui existe depuis 1931. Au fil des années, les habitants qui se sont installés ont en quelque sorte consenti à cette proximité et aux nuisances qu’elle génère. L’activité de l’aéroport s’est développée en même temps qu’arrivaient de nouveaux habitants parfaitement informés de la présence de cette activité. Peut-être même les prix de l’immobilier ont-ils été modérés par ce voisinage dérangeant. Aujourd’hui, la plateforme fait l’objet d’un Plan d’Exposition au Bruit (PEB) annexé à tous les actes notariés ou locatifs. Nul de l’ignore.

À titre de comparaison, il faut savoir que les habitants du moyen pays ont accepté eux-aussi des contraintes en connaissance de cause, celles liées aux infinies difficultés de déplacement. Les communes du littoral ont des trains, l’autoroute, des voies rapides et des bus à haut niveau de service. Les habitants du moyen pays n’ont rien de tout cela et il leur faut passer des heures dans leurs voitures pour se déplacer. En échange de ce consentement, là-aussi tacite, ils espéraient un environnement plus naturel et plus calme. Comment peut-on leur imposer aujourd’hui une décision qui ajoute délibérément, brutalement et, bien évidemment, sans leur consentement, de nouvelles et importantes nuisances ?

En revanche, lorsque L’ADNA (association riveraine de l’aéroport) reproche aux élus du moyen pays de ne pas s’être préoccupé de ces problèmes, elle a parfaitement raison. Mais, inversement, les élus de la basse vallée de la Siagne ne sont jamais montés au créneau pour soutenir une politique d’amélioration des déplacements dans le moyen pays. Plusieurs élus du littoral se sont même opposés pendant des années à la réouverture de la ligne SNCF Cannes-Grasse préférant capter les subsides départementales et régionales pour leurs propres équipements.

Article de Nice matin censé représenter la position d’Adepte Nature

Article Nice Matin
L’enjeu environnemental

Refuser cette nouvelle trajectoire, ce n’est pas seulement éviter la délocalisation des nuisances. L’enjeu est aussi environnemental. Les jets privés ne sont pas les bienvenus à l’heure de la transition énergétique et de l’empreinte carbone. C’est d’ailleurs pour prendre en compte ces considérations que la DGAC, décisionnaire en la matière, dépend aujourd’hui du Ministère de la transition écologique. Et parmi ses missions officielles, on trouve celle-ci :

« La DGAC veille à réduire les nuisances, en particulier sonores et atmosphériques, générées par le transport aérien. Elle entretient aussi le dialogue avec les élus et les représentants des riverains des aéroports.« 

Que faire, alors ?

Ce que font déjà les associations de défense de la basse vallée de la Siagne avec beaucoup de pertinence et de compétence depuis des années : manifester, négocier, surveiller et entraver le développement de la plateforme. Ce sont d’ailleurs ces mêmes associations qui ont réclamé et obtenus cette nouvelle trajectoire qui envoie les nuisances chez leurs voisins. Elles pourraient renoncer à cette revendication, opportunément exploitée par l’ACA et continuer à harceler leurs élus qui, malgré les apparences, ne soutiennent pas tous leur cause au sein de la CACPL. Dans ce cas, nul doute que ceux de Grasse, élus et habitants, pourraient appuyer, soutenir et peser à l’unisson de ceux de Cannes contre les services de l’État pour obtenir une diminution globale du trafic. À défaut, les deux collectivités réunies dans le Pôle Métropolitain deviendraient des adversaires. Un comble !

Aujourd’hui, faute d’avoir été consulté, ni même informés, nous, association de défense de l’environnement, avons demandé à la sous-préfète notre intégration à la Commission consultative pour l’environnement. Nous attendons sa réponse.

Second courrier d’Adepte à la Sous-préfecture

02 février 2021

La réponse de Mme la Sous-Préfète à notre deuxième courrier

02 février 2021