Compte rendu de la CCE du 08 décembre

Une commission consultative pour l’environnement par visio décevante…

Visio CCE
La Commission consultative pour l’environnement (CCE) de l’aéroport de Cannes-Mandelieu s’est tenue le 8 décembre 2021.

Covid, oblige, elle était organisée en visio-conférence et elle fut décevante. La société des Aéroports de la Côte d’Azur (ACA ) était présente ainsi que les autorités de l’aviation civile (DGAC), la sous-préfète Anne Frackowiac-Jacobs. Etaient également présents ou représentés, plusieurs maires demandeurs de la nouvelle trajectoire et les associations de la basse vallée de la Siagne qui la réclament depuis des années.

Mais cette fois-ci et pour la première fois, ils avaient en face d’eux, notre association Adepte-Nature, le Gadseca (1), Jérôme Viaud, le président de la communauté d’agglo de Grasse (CAPG) et d’autres élus opposés à la trajectoire dont le maire de Peymeinade, Philippe Sainte-Rose.

La sous-préfète a ouvert la séance et donné rapidement la parole à l’ACA (2) pour une présentation (non prévue à l’ordre du jour) d’une étude en forme d’apologie des retombées économiques que produiraient les aéroports du département, soit 5,5 milliards d’euros par an. Éblouissant ! L’ACA était le commanditaire de cette étude qui n’avait rien à faire dans cette réunion sinon tenter de nous influencer. L’étude avait déjà fait l’objet d’une page entière de publicité dans Nice-Matin le 15 octobre dernier. En fait, ce sont des chiffres complètement sur évalués par un calcul très particulier des retombées dites « induites »(3). Nous avons dénoncé la méthode et l’interprétation de ces chiffres très favorables aux opérateurs. «Vous avez à la fois raison et tort» a répondu le représentant de l’ACA avant de se perdre dans d’obscures explications.

La trajectoire Nord-ouest

Ensuite, nous fut présentée la deuxième étude d’impact de la trajectoire Nord-Ouest par la DGAC. Hélas, elle n’est pas très différente de la première. Elle est toujours basée sur les propres valeurs et indices de la DGAC elle-même, dont ce fameux seuil de 65 db en dessous duquel elle considère la nuisance sonore comme inexistante. Rappelons tout de même que 65 db est un niveau de bruit qui couvre une conversation.

La DGAC ne considère pas cela comme une nuisance, donc elle ne comptabilise aucune population impactée sous les 65 db.

Ils ne tiennent donc pas compte des niveaux sonores recommandés par l’OMS et l’ACNUSA (4) qui sont tout à fait différents. Ces organisme de référence considèrent comme une nuisance pour la population, un bruit dit émergeant (comme celui d’un jet) à partir de 10 db au-dessus du bruit ambiant. Or sous la trajectoire prévue, ce sont principalement des zones résidentielles ou le bruit ambiant varie de 35 à 45 db. Les jets seront donc à plus de 20 db au-dessus des valeurs recommandées soit 6 fois le volume sonore ambiant.

 

Nous sommes intervenu pour souligner cette anomalie : « oui mais nous n’avons pas de mesure du bruit ambiant sur ce territoire» a répondu le responsable de la DGAC. Nous attendions pourtant des mesures significatives et réelles dans une étude digne de ce nom. Ce n’est pas le cas.

L’étude ne tient pas compte non plus de l’augmentation pourtant prévisible de la population impactée dans l’avenir, ni du développement de l’aviation d’affaires dans les 10 20 ou 30 ans qui viennent. Là encore, nous avons pu exprimer nos objections mais, là encore, elles sont restés sans suite et le temps de parole était limité. Nous aurions aimé en dire davantage car cette étude est faite pour valider la trajectoire.

La fronde des maires de la CAPG

Alors, de son côté, Jérôme Viaud, président de la CAPG a proposé de financer une autre étude d’impact, indépendante de la DGAC, celle là. Elle devrait aussi proposer d’autres alternatives pour soulager les riverains de la plateforme sans renvoyer les nuisances chez ses voisins.

Une étude sans parti pris ne pourra que démontrer l’absurdité de la trajectoire N/O. La proposition a été acceptée par la sous-préfète. Aux côté de la CPAG, nous participerons à l’élaboration du cahier des charges de cette étude pour qu’elle prenne en compte la réalité des habitants survolés et non plus celle des pilotes de jets et de l’ACA.

La réunion était terminée vers 18 heures. Nous n’avons pas encore gagné l’abandon de cette trajectoire car elle reste toujours à la discrétion du ministre des transports Jean-Batiste Djebbari mais sa mise en service éventuelle s’éloigne de plus en plus.

Sachez également que le 17 décembre, les maires de la Communauté de communes du Pays de Fayence ont voté, comme la CAPG l’année dernière, une motion pour s’opposer à cette trajectoire N/O qui survole aussi leur territoire. La troupe des opposants grossit de jour en jour et devient une petite armée qui ne demande qu’à combattre l’arbitraire ministériel.

(1) GADSECA : Groupement des associations de défense des sites et de l’environnement de la cote d’azur.

(2) ACA : Aéroports de la côte d’Azur. Exploitants des aéroports de Nice, de Cannes-Mandelieu et de l’Aéroport International du Golfe de Saint-Tropez.

(3) Voir : https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/etudes/tourisme/mesure-impact-economique-evenement-touristique.pdf

(4) OMS : Organisation mondiale de la santé ; ACNUSA : Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires.